C’était en 2018…

51festivalC’était du 11 au 26 août 2018…

Riche de l’expérience et de l’enthousiasme suscités par les concerts de la cinquantième édition, le festival d’été de Gargilesse a poursuivi sur sa lancée en proposant des concerts variés et de grande qualité qui ont su conquérir un public toujours plus fidèle et nombreux.
Comme le veut la tradition depuis 2014, la première manifestation du festival a été l’occasion de sortir de Gargilesse pour découvrir un autre lieu. C’est ainsi que le concert du 11 août s’est tenu dans l’église de Vic, à proximité de la demeure de George Sand. Gérard Guillaume, spécialiste des églises médiévales, était au rendez-vous pour la troisième année, pour valoriser le patrimoine : il a donné cette fois une explication détaillée et passionnante de l’histoire des fresques qui ornent cet édifice exceptionnel. Le Duo Nefeli a ouvert les festivités avec un programme autour de l’opéra, qui dégageait tout aussi bien les possibilités de virtuosité d’un duo de harpes que la grande maîtrise et la symbiose de ses deux interprètes, Agnès Peytour et Primor Sluchin, riches de plus de dix ans d’expérience en duo.

Fort du succès de la première collaboration avec le restaurant Le Petit Roy lors de la cinquantième édition du festival, le partenariat a été renouvelé pour un dîner-concert en compagnie du Duo Impressionnisteavec Matthieu Tomi à la basse et Katell Boisneau à la harpe celtique. Le programme était constitué de compositions personnelles de Matthieu, qui a emporté le public dans son univers de poésie et de sensualité. Katell, depuis son succès considérable il y a cinq ans lors de sa prestation avec l’ensemble Là Y Kà en l’église de Gargilesse, a su de nouveau conquérir le public par sa douceur et sa générosité. La terrasse du Petit Roy, en bord de Creuse et entourée de verdure, offrait aux spectateurs de ce dîner-concert un cadre magique tout aussi propice à la rêverie qu’à la convivialité.

L’après-midi du 18 août était dédiée au compositeur vietnamien Tôn-Thât Tiêt. Le public a pu s’imprégner de l’atmosphère du pays natal de ce grand artiste grâce à la projection du film l’Odeur de la papaye vertede Tran Anh Hung, dont la musique fut composée par Tôn-Thât Tiêt. Après ce grand moment de poésie et d’émotions suivi d’une brève discussion avec le compositeur, les spectateurs étaient d’autant plus disposés à apprécier le concert donné par le Trio Salzedo, avec Frédérique Cambreling à la harpe, Marine Perez à la flûte et Pauline Bartissol au violoncelle. Le programme était centré sur Claude Debussy – compositeur phare du festival de Gargilesse, afin de célébrer le « Centenaire Debussy » et de par ses liens étroits avec son fondateur Pierre Jamet – et sur Tôn-Thât Tiêt, dont une grande partie du catalogue comprend des œuvres de musique de chambre avec harpe. Tôn-Thât Tiêt revenait très heureux pour la cinquième fois à Gargilesse depuis 1975. Le langage de chaque compositeur s’entremêlait, donnant un éclairage nouveau et le public a su savourer des ambiances méditatives, énigmatiques, mais aussi passionnées et terriblement expressives, dans les interprétations musicales raffinées de ces deux musiciens emblématiques.

Le concert du 19 août était l’occasion de donner carte blanche à de jeunes lauréats. Pierre Jamet avait à cœur de faire du festival un tremplin aux jeunes talents récemment primés, tradition maintenue avec fidélité jusqu’à cette cinquante-et-unième édition. C’est avec beaucoup de caractère et de générosité que s’est produit le quintette instrumental Le Bateau Ivre, avec Jean-Baptiste Haye à la harpe. Les musiciens ont proposé au public un panel des œuvres adaptées ou composées pour le quintette de Pierre Jamet (flûte, harpe et trio à cordes), de Claude Debussy à Jean Cras en passant par Hector Villa-Lobos, Maurice Ravel… Les spectateurs ont chaleureusement salué la fougue et la fraîcheur de cet ensemble déjà plus que prometteur. En plus de ses talents d’interprète, Jean-Baptiste Haye a dévoilé toute l’étendue de ses compétences musicales en offrant en rappel un arrangement personnel pour quintette de la Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel.

Le concert du 24 août était l’occasion d’entendre Pauline Haas, harpiste fidèle au village depuis son premier séjour à l’Académie en 2004, et de découvrir un instrument insolite, le glassharmonica ou « harmonica de verre », sous les doigts de Thomas Bloch, son interprète le plus célèbre. Ce duo insolite a proposé un programme particulièrement varié : Mozart et Donizetti, Rota et Mantovani, jusqu’à des compositeurs paraguayens et une œuvre personnelle de Pauline Haas. Le timbre cristallin et presque irréel du glassharmonicaallié au son clair et voluptueux de la harpe étaient les ingrédients parfaits pour une soirée haute en couleurs et chaleureusement applaudie par le public. Les spectateurs ont notamment salué avec enthousiasme les prestations vocales de Pauline dans les airs paraguayens : avec sa voix chaude et sensuelle, cette belle interprète a présenté de façon magistrale toute l’étendue de ses talents.

La thématique du dernier week-end était la féérie du monde celtique, du XIIeau XXIesiècle. La soirée du 25 août était l’occasion d’un voyage dans le répertoire médiéval avec l’ensemble Diabolus in Musica, plus particulièrement dans la poésie amoureuse du XIIesiècle puisé dans les chansons traditionnelles anglo-saxones qui ont immigré jusqu’en Bretagne. Julia Gaudin, soprano, et Antoine Guerber, harpe médiévale, ont entrainé l’audience dans le monde de la courtoisie, des romans et contes médiévaux tels que le célèbre roman de Tristan et Iseult. La voix lumineuse de Julia et la grande virtuosité d’Antoine ont charmé les spectateurs, éclairés par les explications détaillées d’Antoine sur l’histoire de sa harpe et de ce répertoire aussi riche que méconnu.

La clôture du festival mettait la musique traditionnelle celtique à l’honneur avec le Cécile CorbelQuintet(violon, guitare, percussions, harmonium, harpe et voix). Depuis son passage en 2009, Cécile Corbel a mené son chemin au-delà des frontières, notamment au Japon, avec la composition de musiques de film pour les Studios Ghibli (film d’animation) et la Chine. En se classant 7edes ventes d’albums en France en 2017, Cécile Corbel a attiré ses très nombreux fans. Ils étaient venus de loin pour la retrouver et découvrir sur plusieurs jours à la fois le petit village de Gargilesse et la harpe sous d’autres visages. La merveilleuse complicité entre les artistes, la délicatesse des propos de Cécile Corbel, conteuse d’histoires, rendait cette soirée onirique. On passait néanmoins de la mélancolie à la joie avec les rythmes des danses traditionnelles bretonnes. L’église aurait pu se transformer en « bal trad », tels qu’on les connait dans notre Berry.

L’édition 2018 a été exceptionnelle dans l’esprit de convivialité, solidarité et bonne humeur qui régnait au sein de l’équipe. Elle s’est largement étoffée et comptait une vingtaine de bénévoles, aussi efficaces que joyeux dans toutes les tâches qui permettent le bon déroulement de l’organisation au quotidien. La mairie de Gargilesse et les partenaires plus nombreux encore à soutenir le festival ont contribué au succès de cette édition. Le public a réservé un accueil chaleureux aux artistes : il est dors et déjà déterminé à revenir, attendant la prochaine programmation avec impatience !

Louise Augoyard et Anne Ricquebourg
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